Rien, un peu moins. J'ai dit au chômage que je ne voulais pas travailler. Ils ont rigolé. La police est venue. Je voulais regarder la pluie tomber, mais il fallait travailler ou circuler. Je me suis donc dissous dans le chagrin.
Rien, un peu moins. J'ai dit au chômage que je ne voulais pas travailler. Ils ont rigolé. La police est venue. Je voulais regarder la pluie tomber, mais il fallait travailler ou circuler. Je me suis donc dissous dans le chagrin.
Combien d'oiseaux volent encore en cet instant ? Combien d'oiseaux meurent d'avoir volé en cet instant ? Combien d'oiseaux s'arrêtent de voler après leur mort d'avoir volé ? Suis-je l'un d'entre eux ? Je ne sais plus depuis combien de temps je chute.
J'avale de la javel devant un grand magasin, je m'habille de pelures d'oignon et mes cicatrices ont la couleur de l'agate. Mes mains demeurent propres malgré tous ces passants qui m'ignorent tendrement. Il y a des nébuleuses jusque dans la vomissure : l'extase comme toute chose souffre de l'inflation.
Te souviens-tu de l'odeur de l'orage ? Ils sont devenus tristes ces jours où il ne pleut plus sur la ville.
Un appartement vide. Un bouquet de chardons, de bourraches, de pavots, poudré de cendre.
Aurais-je préféré ne pas. Mais ne pas pouvoir faire autrement. Il y a des ruines avant le désert. J'avale l'incendie. Tout est si paisible.
À la sortie du camp, un mort. Il me salue et me laisse passer. À mon passage, il me murmure quelque chose. Il tremble. Tout tremble. Il me salue à nouveau. Je ne réponds pas. Nous allons nous faire exécuter, me dit-il. Enfin. Encore. Je n'ai pas le temps pour ça. Il faut vaquer. Il y a de la neige entre mes idées. Charbon et verglas. Suis-je en paix maintenant ? Je peux me risquer dans le dedans du monde. Cette fois, peut-être qu'ils me tueront. Enfin. Encore.
Hier, au matin, les bombardements avaient pris fin, je pouvais exister. Un trou s'étend dorénavant au-devant du monde. Son pourtour se confond à mon souvenir. J'y survis. Trébuche. Y sombre. Écho du sombre. Recommencement des bombardements.
Je pleure souvent sous la pluie pour me confondre à mon environnement.
Tout rêve ne commence que la sixième année d'un plan quinquennal.